Je suis finisher de mon premier Ironman 70.3 à Lake Placid !!! Et si vous pensez que le suspense est gâché car le titre donne la fin de l’histoire… Je vous répondrais que non, certainement pas. Jamais je n’aurais abandonné cette course. J’étais motivé comme jamais à aller au bout. Les conditions presque hivernales (1°c au bord du lac au thermomètre des organisateurs) me faisaient peur mais aucune chance qu’elles ne m’abattent… Mon corps et surtout mon mental était prêt à tout endurer de cette journée… Journée que vous pouvez revivre en image ci-dessous… ou par écrit avec tous les détails juste après ! 🙂
4h27 et motivé à aller prendre mon pied !
En fait, j’étais tellement prêt, tellement motivé pour mon premier Ironman 70.3 que mon horloge interne me réveilla à 4h27 en ce dimanche matin. Mon alarme était prévue à 4h30. Tout le reste du timing prévu se passera au poil. Enfin presque. Comme souvent le passage aux toilettes d’avant course est compliqué avec des files interminables… Heureusement que j’avais repéré la veille celles derrière la ligne d’arrivée, loin de la foule !
Loin du départ aussi mais ces quelques minutes de footing pour aller là bas et la même chose pour revenir auront au moins fait un bon échauffement ! Le tout en doudoune… dire que je n’ai pas couru avec autre chose qu’un t-shirt depuis le mois de mai… Je sais que ces conditions vont êtres très dures à gérer ! Mais je ne veux pas trop y penser, car au final c’est pareil pour tout le monde ! (Même si tout le monde ne fait pas 1m79 pour 62kg avec pas grand chose pour me tenir chaud sur le corps !)
La première épreuve du triathlon : enfiler la combinaison !
Pour la 1ère fois l’enfilage de la combinaison s’est étonnement bien passé… Si la suite pouvait être de même, ce serait génial ! L’attente du départ se fera… les pieds dans l’eau ! Car l‘eau est 21°c, ça donne l’impression d’être dans un jaccuzzi quand ça gèle à l’extérieur, c’est fou ! La brume créée par cet écart de température entre l’air et l’eau mêlée à l’aurore nous donne vraiment un spectacle magnifique ! Mais pas le temps de l’apprécier longtemps, une fois le moment solennel de l’hymne américain passé… C’est enfin l’heure de me lancer dans mon premier Ironman 70.3 !
Un départ qui se fait en mode rolling start. Un groupe de coureurs part toutes les minutes (ou 30 secondes je ne sais pas) donc c’est un peu moins le bordel que de partir à 2000 en même temps ! Ouf ! J’ai quand même dû batailler pas mal dans le premier 500m pour trouver ma place mais ça s’est plutôt bien fait. Pas de coup de pied ni de point dans la figure, je m’en sors bien ! (Et je ne pense pas en avoir mis non plus ?)
Acte 1 : Une nage tout en contrôle
Le rythme est sûrement un peu conservateur par rapport à ce que je suis capable de faire en piscine mais je ne veux définitivement pas brûler des cartouches tout de suite. La journée est longue, c’est mon premier Ironman 70.3, je suis décidé à rester sage ! Sur le retour je lève la tête, voit un nageur qui me double à une bonne allure… je me décide à prendre le wagon !
J’ai bataillé un peu avec un autre nageur qui voulait faire de même… mais il a vite compris que je ne lâcherai pas et m’a laissé la place. Ça me rappelle quand je courais en cross-country, il faut se faire (gentiment) respecter pour ne pas se faire marcher dessus ! À partir de là, c’est simple je me suis juste efforcé de rester dans les pieds de ce gars jusqu’au bout ! Ça donne un temps de 33’06 soit 1’43/100m et une 201ème place au général (sur 2 192 finishers soit dans les premiers 10% du peloton, pas si mal pour un gars qui nage depuis un an ! :D)
>> À LIRE : Il y a un je suis parti de zéro en natation !
La transition : moment redouté de mon premier Ironman 70.3
Les transitions, que ce soit en duathlon ou en triathlon ça ne me fait plus peur maintenant j’en ai l’habitude. Mais là il y avait un facteur très nouveau, le froid. Pour beaucoup cette transition a donc été la plus longue de tous leurs triathlons. Il était hors de question de monter sur mon vélo encore dégoulinant dans un simple trisuit pour affronter les 90 km dans le froid. Prendre le temps de se sécher avec une serviette, mettre des vêtements chauds, c’était vraiment un passage obligé.
Personnellement, j’ai aussi pris l’option de courir avec ma combinaison de natation fermée jusqu’à ma place en transition pour rester au chaud à l’intérieur. Bon choix ! Comme il y avait un peu de vent, cette chaleur m’a au moins permis de ne pas avoir froid jusqu’au moment de courir à côté du vélo. Mais au moment de monter sur le vélo je commence déjà à trembler, l’humidité restante de la nage + le froid, c’est un cocktail explosif !
Acte 2.1 : Mon premier Ironman 70.3 ne sera pas simple
Mais ce n’était rien à ce moment par rapport à ce qui arrivait… Une longue section au vent 3/4 face, le soleil encore caché derrière la montagne ! Et surtout, de nombreuses descentes qui glacent les os ! Je pousse un peu plus que ce que j’avais prévu dans les montées en me disant que j’allais peut-être le payer. Mais c’est un impératif pour moi, je suis gelé ! Le seul moyen de faire grimper un peu la chaleur corporelle c’est d’appuyer sur les pédales… C’est assez efficace jusqu’au moment d’attaquer la grande descente du parcours.
Cette descente, c’est environ 10km où on ne pédale quasiment pas et où la vitesse moyenne est au-dessus des 60km/h. Je ne sais pas ce que ça donne en terme de ressenti à cette vitesse mais je peux vous dire que de mon point de vue c’était glacial ! J’ai vraiment adoré cette descente aux entraînements… Mais là elle m’a fait pleurer intérieurement tellement c’était difficile de rester concentré sur la descente plus que sur le froid… Bref je n’ai pas mis un coup de frein, j’ai descendu vite et doublé du monde comme je voulais le faire, je suis fier d’avoir tenu le coup !
Acte 2.2 : Rester concentrer malgré crampes et tremblements…
Et une fois en bas c’était pire ! Au moment de se remettre à pédaler, le froid me crispait totalement, mes cuisses voulaient cramper à chaque instant, j’étais obligé de rouler beaucoup plus souple que prévu pour éviter ça. Vraiment dur, pire que courir par -25°c sous une tempête de neige… Alors quand le premier rayon de soleil est passé par-dessus la montagne, c’est comme une délivrance, un cadeau magnifique qui m’a instantanément fait sourire. J’avais toujours aussi froid mais je savais qu’à partir de là ça ne pouvait que s’arranger !
Acte 2.3 : Petit à petit, le froid s’est dissipé et le plaisir a embarqué
Au bout d’une bonne quarantaine de km de course j’ai commencé à vraiment apprécier ce que je faisais ! Et là, j’ai pu réciter ma partition comme je le voulais. Le retour est constamment en faux plat montant ou en montée et j’adore ça ! J’ai doublé pas mal de monde, j’ai continué de bien m’alimenter et surtout j’avais l’impression d’en avoir largement sous le pied ! C’est en tous cas ce que je me suis dis en arrivant à la 2ème zone de transition ! Je suis presque déçu que ce soit terminé tellement j’ai pris mon pied sur cette 2ème partie de vélo !
Acte 3.1 : Le run, le feu d’artifice de mon premier Ironman 70.3 !
J’étais extrêmement enthousiaste à l’idée de cette course à pied. C’est mon sport, je voulais en faire un feu d’artifice, remonter un maximum de monde et finir en beauté ! Quelle ne fût pas ma déception une fois la terrible descente à 10% de pente… je ne sais pas exactement si c’est à cause de ma manière de courir dans cette descente, le fait que j’ai trop poussé en début de bike, le froid et les quasi crampes sur le vélo ou tout simplement cette faiblesse dans les quads que j’ai maintenant identifiée depuis le marathon de Prague… Le fait est qu’en bas de cette descente, après seulement 500 m de course j’ai eu mes deux quadriceps au bord des crampes.
À ce moment j’ai eu envie de pleurer intérieurement car je savais que ma fête était gâchée, que le feu d’artifice allait devenir un pétard mouillé et que je partais pour un tout autre challenge. Courir 20km avec des crampes c’est une mission compliquée. Mais rendu là, rien ne peut plus m’arrêter, je ne compte pas me laisser abattre. J’essaye donc de faire le maximum pour économiser mes quads. Je cours légèrement plus en arrière, je déroule au maximum la foulée pour qu’elle soit le plus douce possible… À ce moment je ne m’occupe plus du tout de l’allure mais elle est étonnement bonne malgré cette gestion des crampes. Je passe au 5,6 miles soit environ 9km en 36’07 soit autour des 4’05/km que je prévoyais. Avec des débuts de crampes à gérer à chaque instant c’est proche de la perfection cette moyenne !
Acte 3.2 : Une erreur bête qui va tout gâcher…
Mais c’est aussi dans cette partie que j’ai fais ma seule grosse erreur de la course… J’étais tellement concentré sur le fait d’éviter les crampes… que j’en ai oublié ma stratégie de ravitaillement… Je n’ai pas pris le gel que j’avais prévu après 20’ de course… À peine quelques gorgées de Gatorade à un ravitaillement…
Quand je me suis rendu compte de cette erreur, c’était trop tard, après 36’ de course + la transition + les 4 derniers kms de vélo où je n’ai rien pris… on est proche des 45’ sans calories ingérées alors qu’on est au moment critique de la course… Ces premiers 10km auront au final bien été mais ils auront puisé et vidé des réserves qui étaient forcément déjà entamées par les efforts précédents…
La suite est donc très logiquement difficile. Les crampes sont toujours au même niveau, c’est dur mais je gère. Mais l’énergie est en chute libre, mon corps me bride car je suis dans la zone critique où les stocks sont bas… Et logiquement, ça ralenti… Du 10ème au 14ème je sens que ma fin est proche mais je maintiens 4’25/km de moyenne. Mais quand la 1ère mega côte du parcours se présente, je suis vidé ! Et puis mes cuisses sont hyper sensibles à ce gros dénivelé. Je suis obligé de marcher…
C’est très dur à accepter, vraiment ! Mais ça vaut mieux que de pousser jusqu’à atteindre le stade de la crampe « coup de poignard »… Vous savez, la vraie, celle qui stoppe instantanément et oblige à attendre qu’elle parte. Cette décision je l’ai clairement prise à l’expérience, en laissant mon orgueil de côté. Une fois en haut de la côte je repars et le verdict tombe : 5’24 sur ce km.

Acte 3.3 : Mon premier Ironman 70.3 se finira en mode survie
Maintenant je n’ai plus le choix je suis en mode survie… Le rythme n’est plus là, les jambes sont cramées… Je ne peux plus compter que sur mon mental pour faire ces 6 derniers kilomètres ! Désespéré j’ai même essayé le Redbull au ravitaillement mais ça ne suffira pas pour me redonner des ailes… Et quand la côte principale, celle qui fait prendre 40m de dénivelé en quelques centaines de mètres se présente, c’est un nouveau test que mon premier Ironman 70.3 m’inflige…
Courir jusqu’à être au bord des crampes sans passer le point de non retour, puis marcher comme un trailer les mains sur les genoux pour ne pas les déclencher… Et relancer en haut quand une dame encourage avec passion et avec une pancarte « Shut up legs » dans les mains… Merci madame, je ne remarcherai plus c’est promis ! En même temps le reste est relativement plat. Mais je suis incapable de pousser, je me revois dans les 5 derniers km du marathon de Prague et… J’y suis totalement ! L’allure de 4’50/km est la même, les gens me doublent, je ne peux rien faire, impossible de m’accrocher… Seule la vision de l’arrivée me permettra dans un dernier effort de franchir cette ligne d’arrivée les deux points serrés !
Bilan : Quelle épreuve, quel challenge, mais aussi quel pied !
C’est dans l’adversité que je me sens le plus vivant, quand les conditions sont dures et qu’il faut faire avec. Ou quand le corps ne veut plus mais que le mental le force à faire ce qu’il peut et à aller au bout !
Voilà pourquoi mon premier Ironman 70.3 restera forcément dans mes plus gros souvenirs de course ! Avant même le départ, il fallait être fort dans la tête, ne rien lâcher… Pendant la course il a fallu utiliser le mental à plusieurs reprises et sur de longues périodes… C’est la première fois que je dois puiser dans mes ressources mentales en début de course… Et quand le dernier acte demande de puiser encore plus loin… C’est dur… Mais je l’ai fait et j’en suis fier ! Au final je finis 51ème sur 2192 (et 18ème de ma catégorie) donc très loin du sport pour les Championnats du Monde…
Mais si vous regardez ,la courte vidéo ci-dessous… Je vous y montre pourquoi je suis toujours convaincu que c’est jouable en 2019 ! 🙂
Ça peut paraître loin du coup une 18ème place de catégorie, mais l’écart avec une course mieux terminé n’aurait pas été si grand !
Profite avec tes proches sans pense à 2019 !!!
Beaucoup de professionnalisme dans tes sujets et tes video sont super !!! Continue !
Moi mon prochain objectif sera le Marathon de New York en mode ” en prendre plein les yeux ”
Un lyonnais natif de la Bretagne
Patrice
J’espère vraiment pouvoir le faire l,an prochain je suis super motivé à l’idée de m’entraîner pour ça !!!
Et pour NY…c’est sur que tu vas en prendre plein les yeux ! J’ai déjà fait 2 fois le semi et le marathon est encore plus grandiose en terme d,ambiance… ça va etre le pied !!
Merci ton récit et surtout de décrire aussi bien quand tu as un coup de moins bien..car on pense toujours que ça n’arrive qu’à soi et pas aux autres.
Je ne suis pas resté pour la cérémonie mais peut-être que le slot a été donné au 4ème ou au 5ème au final… Dans tous les cas, je vise la place qu’il faut pour être sur de l’avoir et si je l’ai au roll down… Je le prendrais assurément !!
Le résultat est pas si mal et surtout le plus important c’est la première expérience.
Quand je pense que tu fais déjà un 70.3 alors que pour certains c’est le défi d’une vie, je reste impressionnée. Et ça ne date pas de longtemps aussi comme projet… Ça force le respect franchement. Il est loin le premier marathon on dirait…
Même si je m’entrainais du mieux possible je ne penserais qu’à être finisher et certainement pas à faire une perf’.
Après l’objectif est haut et c’est sûr que plus on vise haut moins on tombe bas. Mais même si tu n’as pas ta qualif’ en 2019 tu l’auras un jour vu comment tu te prépares et les efforts que tu fournis. Cette course c’est encore une grosse expérience emmagasinée pour la suite.
Bonne continuation et n’oublies pas le repos dans les prochains jours !
C’est très impressionnant de suivre ta progression en tri et j’espère que ça va continuer avec la même dynamique 🙂 ne change rien en tout cas.
Pour la première fois je vais intégrer un vrai entraînement de vélo hivernal… j’ai hâte de voir les résultats !
C’est une découverte pour moi ce monde sportif de haut niveau qui associe endurance, dépassement de soi et satisfaction ressentie sur ses objectifs fixés. En tout cas, je suis pleine d’admiration.
Je te suis depuis pas mal de temps sur ton autre blog dédié au running mais je ne savais pas que tu t’étais aussi lancé dans le triathlon. Bravo même si ton objectif de te qualifier aux Monde qui auront lieu a Nice me parait démesuré. Mais tu as raison pour avancer dans la vie il faut se fixer des challenges. J’ai moi même participé aux mondes de triathlon à Chattanooga (USA).
Bon courage pour ton entrainement :O)